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Kate Braverman - Lithium pour Médée (1979)

Soumis à la chaleur, le lithium produit une flamme rouge et brillante. De tous les éléments solides, il est connu pour être le plus léger, à l’image des cailloux de drogues dures que l’on réduit en poudre volatile, plus souple que l’air. Médée prenait-elle du lithium ? Jusqu’à quelles profondeurs peuvent descendre nos relations de dépendance ? Addiction à l’endroit géographique, mental et affectif de la souffrance ; soumission semi-consentie à ses propres tortionnaires, mère névrotique, père mourant, amants sadiques, monomaniaques, toxicomanes. Constat et réfutation de l’uniformité. « Je marchais avec précaution. Si je marche sur n’importe quelle portion de rue ou de plage trop souvent, elle se décolore et ternit. Si je ne fais pas attention, le monde va se peupler de bâtiments en papier mâché agonisant sur l’arrière-fond d’un ciel peint en bleu. »
Paru pour la première fois en 1979, ce roman halluciné et cruellement lucide jette un pavé dans la mare tranquille d’une littérature américaine marquée par l’essor du modèle réaliste institué par les nouvelles de Carver ; poétique, mais d’une poésie blanche et rôdeuse, inspirée par le surréalisme et la beat generation. La sensibilité très féminine de Kate Braverman, auteur de deux autres romans, la justesse du ton et des images, créent une œuvre cinétique et saisissante.

Lithium pour Médée de Kate Braverman
Traduit de l’américain par Françoise Marel
Quidam Éditeur, 275 pages

Inventaire des dépendances Par Camille Decisier 
Le Matricule des Anges n°73 , mai 2006.

https://lmda.net/2006-05-mat07335-lithium_pour_medee?debut_articles=%405143